Le très vieux sage président
Italien issu du consensus national a surpris les téléspectateurs italiens et
l’opinion internationale en déclarant calmement et fermement qu’il ne compte plus terminer son mandat parce qu’il
est désormais trop âgé. Selon lui, il a
pu constater que son âge représente une
limite importante dans la bonne exécution de son mandat. En tenant compte des
incertitudes que comporte son âge, il a
peur de mourir en laissant le pays sans guide. D’ailleurs il rappelle qu’il ne
voulait pas ce deuxième mandat, qu’il
accepta pour aider l’Italie à sortir d’un moment de grande instabilité, suite à
la démission de Mario Monti dont les reformes libérales de l’économie ont été
contestées. Enfin il invite les analystes politiques et les historiens à faire
le bilan de son mandat avec esprit critique et objectivité, d’où son sens de
l’histoire. Il s’agit là d’un personnage politique qui veut entrer dans
l’histoire de son pays au lieu de se cramponner au pouvoir.
Dans ce discours le président Napolitano a
fait preuve de sagesse, d’humilité, de
responsabilité et de patriotisme sans limites : des qualités qui manquent cruellement aux chefs d’Etat
africains qui s’accrochent au pouvoir.
Tel est le cas de l’ancien Président de la Guinée le General Lansana
Conté : en dépit de sa très grave et longue maladie qui l’avait rendu
complètement incapable de diriger le pays, il s’accrocha au pouvoir jusqu’à sa
mort. Malgré les contestations, les soulèvements
populaires et l’explosion sociale qui
menaçait de déstabiliser la Guinée, où le pouvoir était dans la rue en 2007, il
n’avait pas eu ce sens de responsabilité historique en démissionnant ou en préparant
sa succession.
Apres deux mandats prévus par la
constitution, l’ancien président Sénégalais, Abdouaye Wade, qui était également
très vieux avait cherché à se maintenir au pouvoir ou à le transmettre à son
fils , malgré son niveau intellectuel tres élevé. C’est comme si cet opposant
historique, brillant universitaire très cultivé et passionné de l’histoire,
était convaincu que ce n’était qu’en transmettant le pouvoir à son fils qu’il allait entrer dans
l’histoire. Le président Wade avait certainement tenté d’imiter le président togolais
Gnassingbé Eyadema et l’ancien président
gabonais qui s’étaient arrangés en se faisant remplacer au pouvoir par leurs fils, respectivement Fort Gnassigbe
et Ali Bongo, après leurs décès. Ensuite il y a eu des élections qui ont tenté de
masquer ou légitimer le caractère dynastique de ces successions que d’autres
chefs d’Etat africains en exercice sont en train de préparer actuellement.
Quant à Abdoulaye Wade, en perdant l’élection, celui qui incarnait la
renaissance africaine et l’afroptimisme avec Thabo Mbeki, est sorti par la
petite porte, malheureusement pour l’Afrique.
Blaise Compaoré, ancien président du Burkina Faso, qui vient d’être chassé
du pouvoir par une insurrection populaire, voulait également modifier la
constitution afin de se faire réélire pour une énième fois après 27 ans au pouvoir.
Le cas de Blaise Compaoré et Thomas Sankara , son compagnon révolutionnaire du début
des années 80, qu’il avait supplanté en accédant au pouvoir par un coup d’Etat
en 1987, est emblématique. Blaise Compaoré avait essayé de se racheter de ce
coup d’état fratricide qui coûta la vie
à son ami et frère Sankara, qui était le révolutionnaire et
modèle de toute la jeunesse progressiste africaine, en travaillant pour son
pays tout en cherchant à se maintenir au pouvoir pendant près de trois décennies.
En revanche, c’est Thomas Sankara, dont le pouvoir avait duré à peine plus de
trois ans, qui est entré dans l’histoire.
Contrairement à Compaoré, sa mémoire demeure toujours vivante au Burkina
Faso et en Afrique Subsaharienne. Comme
ironie du sort, tandis que Comparé cherchait à fuir, les jeunes
révolutionnaires étaient encore en train de scander le nom de Sankara, en
inscrivant ainsi leur soulèvement en continuité avec la révolution entamée en
1983 par le Che Guevara africain . Cet
exemple montre donc que ce n’est pas en se maintenant au pouvoir pendant très longtemps qu’un
chef d’Etat ou un dirigeant politique entre dans l’histoire. C’est plutôt
en posant des actes allant dans le sens
de l’intérêt national qu’ils deviendront des grands hommes dont l’histoire
retiendra toujours les œuvres : leurs mémoires seront ainsi immortalisées.
Nous souhaitons à l’actuel Président guinéen,
en tant qu’opposant historique, d’entrer dans l’histoire en posant des actes
qui s’inscrivent à long terme et dans le sens de l’intérêt national, quitte à aller à l’encontre des intérêts
partisans, communautaires, régionalistes ou ethniques. Donc, nous lui
souhaitons, en ce début d’année 2015 à un an de l’expiration de son premier
mandat, d’avoir la stature des véritables hommes d’Etat. Pour ces
derniers, le sort de la Nation vient avant l’intérêt des réseaux
et clans affairistes qui incitent
souvent les présidents africains à se
cramponner au pouvoir ou à le transmettre à tout prix à un proche.
Très bonne mise en perspective historique. Instructive et très éclairant en espérant que cela tombe dans de bonnes oreilles.
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