samedi 3 janvier 2015

Une leçon de démocratie pour les présidents africains: le discours présidentiel italien du Nouvel An

Le très vieux sage président Italien issu du consensus national a surpris les téléspectateurs italiens et l’opinion internationale en déclarant calmement et fermement qu’il  ne compte plus terminer son mandat parce qu’il est désormais trop âgé.  Selon lui, il a pu constater que son âge  représente une limite importante dans la bonne exécution de son mandat. En tenant compte des incertitudes que comporte  son âge, il a peur de mourir en laissant le pays sans guide. D’ailleurs il rappelle qu’il ne voulait pas  ce deuxième mandat, qu’il accepta pour aider l’Italie à sortir d’un moment de grande instabilité, suite à la démission de Mario Monti dont les reformes libérales de l’économie ont été contestées. Enfin il invite les analystes politiques et les historiens à faire le bilan de son mandat avec esprit critique et objectivité, d’où son sens de l’histoire. Il s’agit là d’un personnage politique qui veut entrer dans l’histoire de son pays au lieu de se cramponner au pouvoir.  
 Dans ce discours le président Napolitano a fait preuve de sagesse, d’humilité,  de responsabilité et de patriotisme sans limites : des qualités  qui manquent cruellement aux chefs d’Etat africains qui s’accrochent au pouvoir.  Tel est le cas de l’ancien Président de la Guinée le General Lansana Conté : en dépit de sa très grave et longue maladie qui l’avait rendu complètement incapable de diriger le pays, il s’accrocha au pouvoir jusqu’à sa mort. Malgré les contestations,  les soulèvements populaires et  l’explosion sociale qui menaçait de déstabiliser la Guinée, où le pouvoir était dans la rue en 2007, il n’avait pas eu ce sens de responsabilité historique en démissionnant ou en préparant sa succession.
Apres deux mandats prévus par la constitution, l’ancien président Sénégalais, Abdouaye Wade, qui était également très vieux avait cherché à se maintenir au pouvoir ou à le transmettre à son fils , malgré son niveau intellectuel tres élevé. C’est comme si cet opposant historique, brillant universitaire très cultivé et passionné de l’histoire, était convaincu que ce n’était qu’en transmettant le  pouvoir à son fils qu’il allait entrer dans l’histoire. Le président Wade avait certainement tenté d’imiter le président togolais Gnassingbé  Eyadema et l’ancien président gabonais qui s’étaient arrangés en se faisant remplacer au pouvoir  par leurs fils, respectivement Fort Gnassigbe et Ali Bongo, après leurs décès. Ensuite  il y a eu des élections qui ont tenté de masquer ou légitimer le caractère dynastique de ces successions que d’autres chefs d’Etat africains en exercice sont en train de préparer actuellement.   
Quant à Abdoulaye Wade, en   perdant l’élection, celui qui incarnait la renaissance africaine et l’afroptimisme avec Thabo Mbeki,  est sorti   par la petite porte, malheureusement pour l’Afrique.
Blaise Compaoré, ancien  président du Burkina Faso, qui vient d’être chassé du pouvoir par une insurrection populaire, voulait également modifier la constitution afin de se faire réélire pour une énième fois après 27 ans au pouvoir. Le cas de Blaise Compaoré et Thomas Sankara , son compagnon révolutionnaire du début des années 80, qu’il avait supplanté en accédant au pouvoir par un coup d’Etat en 1987, est emblématique. Blaise Compaoré avait essayé de se racheter de ce coup d’état  fratricide qui coûta la vie à son ami et frère   Sankara, qui était le révolutionnaire et modèle de toute la jeunesse progressiste africaine, en travaillant pour son pays tout en cherchant à se maintenir au pouvoir pendant près de trois décennies. En revanche, c’est Thomas Sankara, dont le pouvoir avait duré à peine plus de trois ans, qui est entré dans l’histoire.  Contrairement à Compaoré,   sa mémoire demeure toujours vivante au Burkina Faso et en Afrique Subsaharienne.  Comme ironie du sort, tandis que Comparé cherchait à fuir, les jeunes révolutionnaires étaient encore en train de scander le nom de Sankara, en inscrivant ainsi leur soulèvement en continuité avec la révolution entamée en 1983 par le Che Guevara africain   . Cet exemple montre donc que ce n’est pas en se maintenant  au pouvoir pendant très longtemps   qu’un chef d’Etat ou un dirigeant politique entre dans l’histoire. C’est   plutôt en posant   des actes allant dans le sens de l’intérêt national qu’ils deviendront des grands hommes dont l’histoire retiendra toujours les œuvres : leurs mémoires seront ainsi  immortalisées.

 Nous souhaitons à l’actuel Président guinéen, en tant qu’opposant historique, d’entrer dans l’histoire en posant des actes qui s’inscrivent à long terme et dans le sens de l’intérêt national,  quitte à aller à l’encontre des intérêts partisans, communautaires, régionalistes ou ethniques. Donc, nous lui souhaitons, en ce début d’année 2015 à un an de l’expiration de son premier mandat, d’avoir la stature des véritables hommes d’Etat. Pour ces derniers,  le sort  de la Nation vient avant l’intérêt des réseaux et clans affairistes qui   incitent souvent les  présidents africains à se cramponner au pouvoir ou à le transmettre à tout prix à un proche. 

2 commentaires:

  1. Très bonne mise en perspective historique. Instructive et très éclairant en espérant que cela tombe dans de bonnes oreilles.

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    1. Je vous remercie beaucoup pour votre lecture et commentaire. Je compte sur votre disponiblité, commentaires et critiques constructives afin d'ameliorer la qualité de notre blog

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