Les deux derniers rencontres inattendues du président guinéen et le leader de L’UFGDG
de l’opposition, en cette fin d’année 2015, montrent que dans la vie seules les
montagnes ou d’autres objets figés ne se rencontrent jamais, mais les hommes
peuvent toujours se retrouver, quels que
soient leurs points de divergence et les conflits qui les opposent.
Dans un contexte d’une forte bipolarisation de la vie
politique, de manque de confiance et de dialogue dont souffre énormément la
Guinée, l’opposition guinéenne et le parti au pouvoir s’affrontent et se
critiquent violemment par médias
interposés, mais ils ne se rencontrent
que rarement pour s’affronter, discuter de leurs idées et aplanir leurs points
de vue afin de retrouver le consensus sans lequel il n’ y a ni de démocratie ni
de paix sociale. D’où la dimension
historique de ces deux dernières rencontres, notamment à l’occasion de la
visite du président français François Hollande en Guinée et autour du symposium
des six années de la mort de l’ancien Président, le général Lansana Conté.
La visite du président Hollande, qui était venu
manifester sa solidarité avec le peuple de Guinée, dans un contexte de
marginalisation et d’isolement de la Guinée en raison de l’épidémie d’Ebola a
été un grand moment de solidarité, de dignité et de patriotisme de la classe
politique guinéenne. A cette occasion, le président Alpha Condé avait eu
l’intelligence et le sens de la
responsabilité d’un homme d’Etat en tendant la main, pour une fois, à
l’opposition guinéenne invitée aux cérémonies officielles d’accueil du
président français. Les membres de
l’opposition aussi ont eu la courtoisie et le sens de l’intérêt national en
acceptant volontiers cette invitation du Président. Les principaux acteurs
politiques guinéens ont pu dépasser ainsi leurs intérêts partisans au dessus
desquels ils ont placé l’intérêt du peuple guinéen. Il s’agit là de l’une des
principales clés de blocage politique en Guinée, source de paix sociale et de
développement dans notre pays.
Apres cette visite du président français, chacune des
deux parties qui se disputent le pouvoir a
regagné son propre
camp à base principalement ethnique pour camper sur ses positions
habituelles relatives au principal, pour ne pas dire unique, sujet du débat
politique en Guinée : l’organisation des élections. Election à tout
prix ! C’est comme si nos principaux acteurs politiques avaient encore oublié l’intérêt supérieur de la
nation guinéenne, dans un contexte où notre pays est confronté et
fragilisé par l’épidémie d’Ebola, en ne
cherchant qu’à garder le pouvoir ou à y accéder. Ils renouent ainsi avec les
mêmes habitudes de dialogues de sourds qui se nourrissent du manque de
confiance entre les acteurs politiques et de volonté politique.
Finalement il a fallu attendre le symposium des six ans
de la mort du président Conté pour revoir une autre rencontre du président de
la république avec le leader de l’UFDG Celloun Dalein Diallo autour de la
mémoire du défunt président. Les deux camps
politiques se disputent désormais cette mémoire pour en faire une ressource politique afin de
séduire l’électorat de la basse Guinée, région d’origine du président défunt où
il demeure toujours populaire. Nous assistons donc actuellement en Guinée à une
instrumentalisation et à des récupérations politiques des mémoires de nos
anciens présidents à des fins purement électoralistes à court terme, dans un
contexte d’ethnicisation et de surcommunautarisation de la vie politique. Donc si la première rencontre à l’occasion
de la visite du Président Hollande a été une grande occasion d’unité
dans l’intérêt national, la récente rencontre de cette semaine était
plus dictée par les intérêts partisans. Ainsi,
elle apparaît comme le premier acte de la prochaine campagne électorale
où, apparemment, la manipulation de l’histoire récente de la Guinée et
l’instrumentalisation de l’ethnicité
continueront de planer sur la quiétude sociale.