Cette semaine, pendant que nos yeux étaient rivés à travers les medias du
monde entier, sur la traque et la prise d’otage des terroristes islamistes que
nous étions de suivre en direct comme au cinéma, Boko Haram était en train de
tuer plus de 2000 personnes au Nigéria. En massacrant les populations, les
soldats de la secte islamiste ont détruit 16 villages en provoquant ainsi les
déplacements de milliers d’individus sans abris vers les pays voisins. C’est le
massacre de 17 personnes à Paris qui a retenu plutôt l’attention, la
mobilisation et la compassion du monde entier en oubliant ainsi les victimes
inconnues et les sans voix assassinées par Boko Haram. Seuls quelques rares
travailleurs humanitaires des ONG internationales sont restés au chevet de ces
populations innocentes, désemparées et meurtries
par une violence inouïe, qui sont
devenues la cible des attaques terroristes régulières face à un Etat impuissant, dans l’indifférence de l’Union
Africaine. La communauté internationale et les Pays Occidentaux, plus engagés
dans les autres foyers de conflit, comme l’Afghanistan, la Syrie et l’Iraq,
semblent avoir relégué ce qui se passe au Nigéria au second plan. Dix- sept chefs d’Etats ont quitté l’Afrique
pour venir assister au rassemblement mais ils ont oubliés le drame nigérian. D’une part l’Afrique était surreprésentée
à Paris et d’autre part elle a brillé par son absence et indifférence en terre
africaine du Nigeria. Or, si
le Nigeria est touché par le terrorisme toute l’Afrique doit s’inquiéter. De
plus l’Afrique, confrontée aux problèmes du développement politique et
économique, est sans doute la cible la
plus vulnérable du terrorisme, où il trouve des terreaux plus favorables pour
sa propagation et persistance. Les dirigeants africains n’arrivent toujours pas
à comprendre que, dans un monde globalisé, « lorsque quelqu’un
tousse au Sahel ou au Nigeria, c’est toute l’Afrique qui sera enrhumé »,
pour reprendre l’expression de l’intellectuel nigérian et prix Nobel de littérature
Wole Soyinka. En paraphrasant Soyinka, il est donc temps que tous les tigres africains
arrêtent de parler maintenant avec des discours creux au nom du « politiquement correcte »,
pour sortir les griffes en faisant du
terrorisme leur proie privilégiée, afin de protéger nos populations.
Certes nous sommes choqués par les massacres de Paris mais n’oublions pas non plus ces victimes et innocents du
Nigeria et des pays limitrophes,
notamment le Cameroun et le Niger, confrontés aux problèmes de survie et qui
tombent tous les jours sous les balles de ces robots tueurs corrompus,
endoctrinés, manipulés, dressés et télécommandés contre leurs propres sociétés
et populations. Depuis quand des attentats suicides Kamikaze sont-ils possibles
en terre africaine de syncrétisme, de tolérance et de coexistence pacifique des
populations de confessions religieuses différentes ? Comment en est arrivé là au pays de Sinua Achebe
dont le roman, « Le Monde S’effondre » est l’illustration même du syncrétisme
africain, de la tolérance et du dialogue des religions ?
La jeunesse africaine ne doit absolument pas se
tromper de lieu de combat en s’ingérant dans une stupide guerre des civilisations transposées en Afrique.
Cette guerre n’est pas la nôtre alors que nous sommes
confrontés au problème de développement et des catastrophes naturelles et
sanitaires telles qu’Ebola en ce moment. Préservons donc nos vies, énergies, et
intelligences en les consacrant au problème de développement au lieu de les
gaspiller dans une guerre des civilisations masquées par la raison ou passion
religieuse. Il ne faut pas perdre notre temps tout en compromettant notre
avenir et donc celui du continent dans
une guerre peu respectueuse des vies humaines et destructrice des
civilisations, provoquée et entretenue
par les élites religieuses et politiques du moyen Orient et des pays du Golfe et alimentée par les
erreurs des dirigeants politiques
occidentaux.
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