La communication via nouvelles technologies :
une chance pour la jeunesse africaine!
Mots d’ordre : S’informer – se former - s’émanciper !
Nous vivons une époque de la
mondialisation qui est particulièrement passionnante et difficile, rythmée par
des innovations technologiques ayant
pour corollaire l’amélioration des conditions de vie , l’accroissement
des richesses des uns et la paupérisation croissante d’une majorité. Depuis la
révolution industrielle, le monde a connu plusieurs phases de l’évolution
technologique notamment la mécanisation de la production, l’automatisme, la
robotisation et l’essor de l’informatique, que nous sommes entrain de vivre maintenant.
Ces différentes phases de l’évolution technologique ont certes favorisé les
progrès économiques mais elles ont largement contribué à creuser des écarts entre
les couches sociales et les Pays de notre planète. Quant aux nations africaines,
elles ont d’abord fait partie du
« Tiers Monde », avant
d’être qualifiée de Pays sous
développés, puis de Pays en voie de développement. Ce glissement sémantique a
été opéré afin d’éviter, nous semble t-il, d’être méprisant avec les nations du
Sud , histoire de parler humainement et politiquement correct tout en les
incitant davantage au développement.
Après avoir été longtemps dans ce train du développement, sans arriver à la
destination escomptée, on nous propose désormais le très gros bateau de la
mondialisation. D’où le slogan « On est tous dans le même
bateau ». Selon la vision ultra
libérale de la pensée unique, après l’échec des premières politiques
macro-économiques des années 60- 70 et la chute du mur de Berlin, en
Afrique la seule issue possible serait
l’adhésion au libéralisme économique et
à la mondialisation. Dans cette perspective ceux qui ne parviendront pas à
adapter leurs politiques nationales aux exigences et aux intérêts des puissants
capitaux des pays occidentaux seront des naufragés de la mondialisation. D’où
l’émergence des mouvements altermondialistes en Europe, qui ont dénoncé cette
vision libérale défavorable aux pays du Sud, tout en proposant de nouvelles
alternatives qui demeurent encore insuffisantes, pour ne pas dire impuissantes,
face à la mondialisation.
De nos jours, dans un contexte d’afro pessimisme,
le concept de développement se confond presqu’avec les opérations humanitaires
en Afrique pour protéger ces faibles populations contre les catastrophes naturelles et les
fléaux, notamment la famine et les
maladies telles qu’Ebola dont nous
sommes victimes maintenant.
Malgré cette évolution de la terminologie et la
rhétorique concernant le développement, selon les circonstances et les intérêts
du moment, les pays africains n’ont pas évolué pour autant en s’engageant
réellement dans un véritable processus de développement économique, social et
humain.
Chers jeunes africains, face à une telle puissance
capitaliste et à un processus historique irréversible, nous ne pouvons plus nous
contenter de nous opposer par des discours idéologiques de dénonciations et de
victimisation comme le faisaient les premiers présidents africains issus des
indépendances . Soyons donc réalistes et pragmatiques comme les chinois ou les
Indiens, en nous appropriant du système capitaliste et de la nouvelle technologie qui est le principal outil de la
mondialisation pour faire sauter les
frontières économiques nationales.
Notre époque est caractérisée par des inégalités
sociales qui sont à l’origine de plusieurs conflits dans le monde et en Afrique
surtout où ils empruntent, le plus souvent, une coloration ethnique et
communautaire. La résolution des conflits se heurte souvent à des murs
d’incompréhension érigés par le manque
de communication. Comme la sociologie de la déviance et du crime nous le montre,
c’est lorsque les individus défavorisés, victimes des inégalités
sociales, peu scolarisés et privés de paroles
n’arrivent pas à exprimer leurs
colères et frustrations qu’ils passent à l’acte. Ils ont donc recours à la main au lieu ou à défaut de la parole,
ce qui se traduit naturellement par la
violence physique. Comme nous l’enseigne une théorie élaborée
par l’économiste Hirshman, qui
s’applique aussi à la sociologie politique,
lors d’un conflit social ou politique, les individus peuvent
choisir d’interrompre le dialogue
(« exit »), ce qui peut déboucher sur la sortie du système politique,
la dépolitisation ou au contraire la radicalisation et le recours à la
violence. Cependant, ils peuvent aussi
exprimer leurs revendications et
leurs exigences en renforçant ainsi le
contrat social (« voice »), dans l’espoir de parvenir à une situation
plus satisfaisante pour toutes les parties.
C’est pourquoi la communication est fondamentale pour exprimer nos
volontés, nos différences, nos préférences et nos divergence de points de
vue, sans entrer en conflit, dans un
contexte de diversité ethnique et de différenciation sociale enrichissante. Or,
dans l’ère de l’informatique, qui est la
phase la plus populaire et démocratique de l’évolution technologique en termes
d’accessibilité et de diffusion, nous
disposons d’ une alternative pour aplanir les points de divergence et pour réduire, du même coup, les fossés d’inégalité sociale
qui se sont creusés entre les couches sociales et les peuples.
Certes il y
a la fracture numérique dont sont victimes les populations des pays les moins
développés, mais il y a lieu de reconnaitre cependant qu’avec une très grande
diffusion de la téléphonie mobile et internet, dans ce contexte de la
mondialisation, des individus dotés inégalement sur le plan économique et
social peuvent accéder aux mêmes informations. D’ailleurs l’informatique avec
internet constitue le plus grand démenti de la conception évolutionniste du
développement selon laquelle tous les peuples du monde passeraient
nécessairement par les mêmes étapes. Les nouvelles technologies
constituent un extraordinaire raccourci
vers le progrès économique et social des pays africains. Si elles sont bien utilisées
par les africains, elles peuvent leur permettre aux de rattraper plusieurs décennies de retard.
Saisissons donc cette opportunité pour faire un
bon usage de la nouvelle technologie en évitant de perdre trop de temps sur le
net en se livrant à des jeux et des
divertissements ou en faisant de la
cybercriminalité. Ne soyons pas toujours des consommateurs passifs en nous
contentant de jouer seulement avec l’ordinateur et l’internet comme le font
actuellement la majeure partie des jeunes guinéens internautes, pendant que les autres sont entrain d’en
tirer profit en se formant et en
s’enrichissant Il faudrait s’approprier
davantage et intelligemment de la nouvelle technologie dans le sens de nos
intérêts pour s’informer, se former, accéder aux emplois tout en innovant à
l’image de Bill Gates.
C’est dans un esprit d’échanges et de
confrontation d’idées que nous avons créés ce Blog Eclairages Guinéens afin de
favoriser la liberté d’expression et l’émancipation des jeunes dans un contexte
d’injustice sociale et d’inégalité intergénérationnelle. En créant un tel
espace de communication, nous pouvons contribuer pleinement à lutter contre la
désinformation, l’obscurantisme, les manipulations des populations très jeunes
et peu scolarisées. Nous allons tenter de faire des analyses et des réflexions
concernant les problèmes et l’organisation de notre société avec les lunettes
d’un sociologue-anthropologue et observateur de la vie politique en
Guinée. Dans cette perspective, tous les
apports visant à enrichir nos éclairages
sont les bienvenus. Vous pouvez faire également des commentaires, des
suggestions et des critiques objectives et constructives concernant nos
articles. Les Eclairages Guinéens s’adressent
à tous les Guinéens et amis de la Guinée, mais en tant qu’enseignant nous
songeons particulièrement à nos étudiants, que nous voulons mettre à l’abri de
l’obscurantisme, la manipulation, l’ethnocentrisme et la communautarisation de
la vie politique qui gangrènent notre société.
Dr Abdoulaye Wotem Somparé
Sociologue et anthropologue guinéen
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