lundi 22 septembre 2014

La communication via nouvelles technologies: une chance pour la jeunesse africaine!



La communication via nouvelles technologies : une chance pour la jeunesse africaine!
Mots d’ordre : S’informer – se former -  s’émanciper !

Nous vivons une époque de la mondialisation qui est particulièrement passionnante et difficile, rythmée par des innovations technologiques ayant  pour corollaire l’amélioration des conditions de vie , l’accroissement des richesses des uns et la paupérisation croissante d’une majorité. Depuis la révolution industrielle, le monde a connu plusieurs phases de l’évolution technologique notamment la mécanisation de la production, l’automatisme, la robotisation et l’essor de l’informatique, que nous sommes entrain de vivre maintenant. Ces différentes phases de l’évolution technologique ont certes favorisé les progrès économiques mais elles ont largement contribué à creuser des écarts entre les couches sociales et les Pays de notre planète. Quant aux nations africaines, elles ont d’abord fait partie du  « Tiers Monde »,  avant d’être qualifiée   de Pays sous développés, puis de Pays en voie de développement. Ce glissement sémantique a été opéré afin d’éviter, nous semble t-il, d’être méprisant avec les nations du Sud , histoire de parler humainement et politiquement correct tout en les incitant  davantage au développement. Après avoir été longtemps dans ce train du développement, sans arriver à la destination escomptée, on nous propose désormais le très gros bateau de la mondialisation. D’où le slogan « On est tous dans le même bateau ».  Selon la vision ultra libérale de la pensée unique, après l’échec des premières politiques macro-économiques des années 60- 70 et la chute du mur de Berlin, en Afrique  la seule issue possible serait l’adhésion au  libéralisme économique et à la mondialisation. Dans cette perspective ceux qui ne parviendront pas à adapter leurs politiques nationales aux exigences et aux intérêts des puissants capitaux des pays occidentaux seront des naufragés de la mondialisation. D’où l’émergence des mouvements altermondialistes en Europe, qui ont dénoncé cette vision libérale défavorable aux pays du Sud, tout en proposant de nouvelles alternatives qui demeurent encore insuffisantes, pour ne pas dire impuissantes, face à la mondialisation.  

De nos jours, dans un contexte d’afro pessimisme, le concept de développement se confond presqu’avec les opérations humanitaires en Afrique pour protéger ces faibles populations  contre les catastrophes naturelles et les fléaux,  notamment la famine et les maladies telles  qu’Ebola dont nous sommes victimes maintenant.
Malgré cette évolution de la terminologie et la rhétorique concernant le développement, selon les circonstances et les intérêts du moment, les pays africains n’ont pas évolué pour autant en s’engageant réellement dans un véritable processus de développement économique, social et humain.
Chers jeunes africains, face à une telle puissance capitaliste et à un processus historique irréversible, nous ne pouvons plus nous contenter de nous opposer par des discours idéologiques de dénonciations et de victimisation comme le faisaient les premiers présidents africains issus des indépendances . Soyons donc réalistes et pragmatiques comme les chinois ou les Indiens, en nous appropriant du système capitaliste et de la nouvelle   technologie qui est le principal outil de la mondialisation pour faire  sauter les frontières économiques  nationales.     
Notre époque est caractérisée par des inégalités sociales qui sont à l’origine de plusieurs conflits dans le monde et en Afrique surtout où ils empruntent, le plus souvent, une coloration ethnique et communautaire. La résolution des conflits se heurte souvent à des murs d’incompréhension érigés    par le manque de communication. Comme la sociologie de la déviance et du crime nous le montre, c’est lorsque  les individus  défavorisés, victimes des inégalités sociales, peu scolarisés et privés de paroles  n’arrivent pas à exprimer  leurs colères et frustrations qu’ils passent à l’acte. Ils ont donc recours  à la main au lieu ou à défaut de la parole, ce   qui se traduit naturellement par la violence physique.  Comme nous l’enseigne une théorie élaborée par  l’économiste Hirshman, qui s’applique aussi à la sociologie politique,   lors d’un conflit social ou politique, les individus peuvent choisir  d’interrompre le dialogue (« exit »), ce qui peut déboucher sur la sortie du système politique, la dépolitisation ou au contraire la radicalisation et le recours à la violence.  Cependant, ils peuvent aussi exprimer  leurs revendications et leurs  exigences en renforçant ainsi le contrat social (« voice »), dans l’espoir de parvenir à une situation plus satisfaisante pour toutes les parties.  C’est pourquoi la communication est fondamentale pour exprimer nos volontés, nos différences, nos préférences et nos divergence de points de vue,  sans entrer en conflit, dans un contexte de diversité ethnique et de différenciation sociale enrichissante. Or, dans l’ère  de l’informatique, qui est la phase la plus populaire et démocratique de l’évolution technologique en termes d’accessibilité et de diffusion,  nous disposons d’ une alternative pour aplanir les points de divergence  et pour réduire,  du même coup, les fossés d’inégalité sociale qui se sont creusés entre les couches sociales et les peuples.
 Certes il y a la fracture numérique dont sont victimes les populations des pays les moins développés, mais il y a lieu de reconnaitre cependant qu’avec une très grande diffusion de la téléphonie mobile et internet, dans ce contexte de la mondialisation, des individus dotés inégalement sur le plan économique et social peuvent accéder aux mêmes informations. D’ailleurs l’informatique avec internet constitue le plus grand démenti de la conception évolutionniste du développement selon laquelle tous les peuples du monde passeraient nécessairement par les mêmes étapes. Les nouvelles technologies constituent  un extraordinaire raccourci vers le progrès économique et social des pays africains. Si elles sont bien utilisées par les africains, elles peuvent leur permettre aux  de rattraper plusieurs décennies de retard.
Saisissons donc cette opportunité pour faire un bon usage de la nouvelle technologie en évitant de perdre trop de temps sur le net en se livrant à des jeux  et des divertissements  ou en faisant de la cybercriminalité. Ne soyons pas toujours des consommateurs passifs en nous contentant de jouer seulement avec l’ordinateur et l’internet comme le font actuellement la majeure partie des jeunes guinéens internautes,  pendant que les autres sont entrain d’en tirer profit en se formant et  en s’enrichissant Il faudrait s’approprier davantage et intelligemment de la nouvelle technologie dans le sens de nos intérêts pour s’informer, se former, accéder aux emplois tout en innovant à l’image de Bill Gates.
C’est dans un esprit d’échanges et de confrontation d’idées que nous avons créés ce Blog Eclairages Guinéens afin de favoriser la liberté d’expression et l’émancipation des jeunes dans un contexte d’injustice sociale et d’inégalité intergénérationnelle. En créant un tel espace de communication, nous pouvons contribuer pleinement à lutter contre la désinformation, l’obscurantisme, les manipulations des populations très jeunes et peu scolarisées. Nous allons tenter de faire des analyses et des réflexions concernant les problèmes et l’organisation de notre société avec les lunettes d’un sociologue-anthropologue et observateur de la vie politique en Guinée.  Dans cette perspective, tous les apports visant à enrichir nos éclairages sont les bienvenus. Vous pouvez faire également des commentaires, des suggestions et des critiques objectives et constructives concernant nos articles. Les Eclairages Guinéens s’adressent à tous les Guinéens et amis de la Guinée, mais en tant qu’enseignant nous songeons particulièrement à nos étudiants, que nous voulons mettre à l’abri de l’obscurantisme, la manipulation, l’ethnocentrisme et la communautarisation de la vie politique qui gangrènent notre société. 

Dr Abdoulaye Wotem Somparé
Sociologue et anthropologue guinéen

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